Écrit par Vesna Mićović
Ces portraits de jeunes filles tsiganes âgées de 7 à 15 ans sont réalisés à l’intérieur des bidonvilles de Belgrade où elles vivent.
Čarolije est un mot Serbe qui se traduit littéralement par Sortilèges. Dans ce contexte précis, čarolije désigne le charme, le charisme et l’aura de ces jeunes filles qui transpercent l’objectif.
L’apparence et la posture de ces demoiselles tsiganes font directement référence aux photographies de magazines de mode. On évite ainsi les stéréotypes des photos-reportages sur la représentation des minorités tsiganes (mauvaises conditions de vie, pauvreté, discrimination…). L’artiste met en avant le paradoxe de la photo de mode, de l’élitisme et du glamour, confronté à la beauté naturelle et magique de ces filles tsiganes. Le jeu continue avec le choix d’utiliser la lumière naturelle et des décors imparfaits (draps mal repassés, mal placés…) afin d’accentuer le fait qu’il ne s’agit pas de vraies photos de mode telles qu’on a l’habitude de voir mais de portraits réalisés dans un studio improvisé au milieu de bidonvilles, et qui représentent ces filles telles qu’elles sont.
Les questions de nation, d’appartenance ethnique et religieuse, particulièrement dans les régions de l’ex-Yougoslavie sont toujours à la frontière de tabou, et photographier la population Rom, comme communauté qui n’est que partiellement intégrée dans ces sociétés est une thématique exploitée souvent au travers des stéréotypes. La nouveauté que l’artiste apporte par son travail est justement de transposer des jeunes filles roms dans le glamour du monde de la mode, elle propose ainsi de s’interroger en abordant des éléments de réflexions sur la thématique proposée.
Ces jeunes filles ne sont toujours pas mariées, condition obligatoire pour qu’elles puissent être photographiées de cette manière, ce qui les rends, elles, et le projet dans son ensemble, plus exclusifs encore.